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Présidentielles : chacun cherche sa voix



Nous avons tous encore en mémoire les « déraillements » de la voix d’Emmanuel Macron à la fin de son discours de la Porte de Versailles, le 10 décembre dernier. Ils ont fait les choux gras de tous les commentateurs. Et les délices des réseaux sociaux. Depuis, le candidat d’En Marche! s’est adjoint les services d’un... chanteur d’opéra, le baryton Jean-Philippe Lafont !

Avant l’ancien Ministre de l’Économie, d’autres personnalités politiques ont eu recours à des professionnels de la voix.

Ainsi, lors de la campagne présidentielle de 2012, François Hollande avait fait appel aux services de Marco Beacco, un ancien coach vocal de la « Star Academy ». L’ancienne dirigeante d’Europe Écologie les Verts (EELV) Cécile Duflot a aussi appelé un coach vocal à la rescousse à la veille des primaires organisées par son parti.

C’est que, pour attirer les voies des électeurs, mieux vaut soigner sa voix ! Et s’efforcer de mieux en maîtriser les harmoniques les plus aiguës. « Plus la voix est aiguë avec une forte intensité, plus elle est désagréable, crispante ; plus la voix est grave, plus elle est douce, et basse dans son volume, plus elle est rassurante », développe le médecin ORL et phoniatre Jean Abitbol, auteur du Pouvoir de la voix (Allary Éditions).

De là à affirmer que les électeurs tendraient à accorder prioritairement leur vote aux candidats disposant de la voix la plus grave, il n’y a qu’un pas. Que l’on peut franchir, affirme les scientifiques.

Le chercheur américain Casey Klofstad, professeur de sciences politiques à l’université de Miami, en a apporté la démonstration convaincante dans une étude publiée dans la revue Proceeding of the Royal Society B.

Pour mener à bien cette expérience, il a demandé à plusieurs dizaines d’hommes et de femmes de lire la même phrase : « Je vous appelle à voter pour moi ». Les enregistrements ont ensuite été transformés pour être rendus plus graves ou plus aigus. Dans plus de 70 % des cas, les participants à l’étude ont choisi les candidats aux voix les plus graves car ils les associaient à la force et à la compétence. Et ce constat s’appliquait aussi aux voix de femmes !

« Il est intéressant de noter que plus les femmes ont des postes à responsabilités, plus la fréquence de leur voix baisse, relève Jean Abitbol. Cette fréquence est tombée de trois à quatre notes, soit environ 50 Hz en cinquante ans. La voix est devenue plus chaude. Cette évolution n’a pas été recherchée dans le but de mieux se faire entendre comme certains l’ont prétendu, car l’on sait que les voix graves portent mieux que les voix aiguës, mais c’est surtout le résultat d’un changement de mode. »

La voix perçante et aiguë d’Arlette Laguiller déclarant en 1974 : « Je suis une femme et j’ose me présenter à la présidence de cette république d’hommes » ne passerait certainement plus en 2017 !

© Gérald Robert. Reproduction interdite sauf autorisation de l'auteur.

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